Présents : 39 personnes
Présidents
de séance
: Isabelle et Daniel
Secrétaire : Nicolas
Bilan
de l’Assemblée Générale d’Attac
74
(Nicolas)
L’AG annuelle ordinaire d’Attac 74 a eu lieu au Nid à St
Jeoire le dimanche 17 octobre. Elle a réuni environ 50 adhérents.
La Haute-Savoie compte 343 adhérents à jour de leur
cotisation 2004, dont 59 nouveaux.
Relevé de décisions :
·
adoption du bilan d’activité et du rapport financier
;
·
passage des comptes d’Attac74 à la banque alternative
NEF ;
·
suite au débat animé sur l’organisation d’Attac74,
l’AG donne mandat à la CE de réfléchir à l’amélioration
de l’organisation d’Attac74 et de proposer une clef
de répartition financière, mais sans envisager la
dissolution de l’association départementale. Une réunion
de réflexion ouverte à tous aura lieu au local d’Attac
(23 rue des Harmonies à Cran-Gévrier) le samedi 18
décembre à 15h. Les adhérents sont invités à faire
part de leur réflexion ou de leurs idées aux membres
de la CE.
·
Programme de l’année : pas de décision forte
mais poursuite du travail sur l’Europe, l’AGCS, la
Santé, le FAME, les Assises du Logement.
·
Les membres de la CE sont renouvelés : Corinne Condevaux,
Dominique Trévisan, Gilles Place et Nicolas Rège
sont les représentants du Chablais.
^
Bilan du Forum Social Européen
de Londres
(Elisabeth)
Elisabeth a fait partie de la délégation d’Attac
France. Elle a noté moins de participation qu’à Paris,
mais Londres est une ville moins facile d’accès et
l’inscription était plus chère (40£).
La sonorisation des séminaires était médiocre,
et la traduction a posé problème.
Elisabeth a remarqué l’absence d’un certain
nombre de composantes du mouvement social, comme par exemple la
Confédération Paysanne. Par contre, Coca Cola était
trop facile à trouver !
Certains séminaires l’ont particulièrement
choquée, en particulier ceux consacrés au voile et à l’Islam
: ces ateliers donnaient une impression de manipulation, étaient
ouvertement contre la loi française, très manichéens,
mensongers et outranciers dans les propos, et orchestraient la
victimisation des musulmans.
Elisabeth conclut à des problèmes dans le choix des
intervenants qui relève des organisateurs du FSE, et au
problème du débat sur la place de l’Islam en
Europe et de la laïcité qui concerne l’ensemble
du mouvement altermondialiste.
Daniel note qu’Attac a fourni une réflexion sur le
FSE dans le relevé de décisions du Bureau du 16 octobre.
^
Bilan de la table-ronde
du collectif PIF du 5 novembre à Evian
(Daniel)
Cette manifestation a rassemblé une centaine de participants,
malgré un horaire peu pratique (18h), et un certain nombre
d’élus locaux : plusieurs représentants du
Conseil Régional (A. Coulombel, JP. Moille, G. Leras), Bernard
Fischard (Maire de Chens/Léman, Pdt CC Bas-Chablais, Pdt
du Syndicat Intercommunal du Chablais (SIAC) notamment en charge
du dossier de contournement de Thonon). Par contre, le député-maire
d’Evian Francina était absent.
Le débat fut de bonne qualité, sans prendre le directeur
de l’usine d’Amphion comme bouc émissaire.
Le directeur commercial Fret de la SNCF a brillé par sa
profession de foi libérale, loin de l’idée
de service public. Pour Ph. Mühlstein, membre du conseil
scientifique d’Attac, la question des Transports est fondamentale
dans le système libéral, et non anecdotique comme
le pensent certains. G. Leras s’est dit agréablement
surpris par l’attitude de convergence de la majorité régionale
sur la question des transports. De son côté, Danone
s’est engagée à développer des silos
de stockage en plusieurs points de France et à rénover
le réseau ferré de l’usine, puis a parlé de “passer à 75%
de transport par fer” et d’utiliser ces efforts
comme argument commercial.
Fort de la réussite de cette initiative, le collectif PIF
est résolu à continuer à se battre, sur le
terrain local, y compris avec les élus qui se mobilisent,
tout en gardant à l’esprit que les Eaux d’Evian,
avec 70% de transport ferroviaire, sont plutôt un bon élève
par rapport aux autres producteurs français de boissons.
Le collectif PIF rencontrera M. Jacob, un des responsables nationaux
de la branche Eaux du groupe Danone, courant décembre.
^
Débat sur le projet
de traité constitutionnel européen
Nancy Evrard & Philippe Dufour
Nancy et Philippe D. ont participé à une formation
d’Attac PACA durant tout le week-end des 6 et 7 novembre à Salon-de-Provence.
Les formateurs d’Attac PACA ont eux-mêmes bénéficié d’une
formation dispensé par Attac France.
Présentation générale (Nancy)
Après la signature du Traité de Nice en décembre
2000 a été constituée la Convention pour l’Avenir
de l’Europe, présidée par Valéry Giscard-d’Estaing,
qui a remis son “ projet de traité instituant une
Constitution pour l’Europe ” en 2004 à Laeken.
Ce texte, rebaptisé “ projet de traité constitutionnel
européen ” et légèrement amendé,
a été adopté puis signé par les 25 à Rome
récemment. Il ne reste plus que l’étape de
la ratification, soit parlementaire soit référendaire
selon les pays.
Quelle différence entre un Traité et une Constitution
? Une constitution est l’ensemble de règles définissant
l’Etat et les formes du pouvoir. Ses procédures d’adoption
et de modification sont différentes des autres textes législatifs.
Elle est généralement rédigée par une
Assemblée constituante, ce qui n’est pas le cas ici.
Une constitution occupe la 1ère place dans la hiérarchie
des règles de droit. Un traité est un simple accord
entre Etats en vue de produire des effets de droit dans leurs relations
mutuelles ; il est plus facile à réviser.
Architecture du texte : le document du projet de traité constitutionnel
fait 350 pages environ, et comprend 448 articles. Il est subdivisé en
4 parties indépendantes, mais de nombreux articles font
des renvois entre eux, ce qui fait s’entremêler l’ensemble.
Partie 1 “Définition et objectifs de l’Union” :
les institutions et leur fonctionnement ;
Partie 2 “Charte des droits fondamentaux de l’Union” :
rebaptisée “le brouillard” par Nancy, cette
partie est un concours d’imprécisions, de formulations
vagues, qui donnent une impression de flou. Les droits formulés
ne sont pas contraignants, mais érigés uniquement
comme objectifs de l’Union.
Partie 3 “les politiques et le fonctionnement de l’Union” :
il s’agit de la plus grande partie du texte ; les 4/5ièmes
de l’ensemble. Elle reprend le contenu des traités
antérieurs (Maastrick, Amsterdam, etc.). Par opposition
avec le “brouillard” de la partie précédente,
Nancy l’a rebaptisée “projecteur focalisan”.
Ce texte est très précis, allant loin dans le soucis
du détail, sans laisser place à l’interprétation.
L’ensemble, complexe et à tiroirs, se révèle
illisible et soporifique. Il entérine la politique libérale
dans et comme fonctionnement de l’Union.
Partie 4 “dispositions générales et finales” :
la plus petite, qui abroge les traités antérieurs,
traite des procédures de ratification et de révision,
la durée, l’entrée en vigueur, les champs d’application.
La durée et illimitée, les procédures de révision
sont longues et complexes, et requièrent l’unanimité.
Sans révision, toute politique “de gauche” serait
inconstitutionnelle.
Nancy remarque que la directive Bolkenstein (l’AGCS à l’échelle
européenne) n’est pas encore en application, car des
dispositions des traités actuels l’empêchent.
La ratification du traité constitutionnel lèverait
les derniers obstacles à son entrée en vigueur…
Quelques exemples illustrant le texte (Philippe D.) :
Philippe rappelle que le débat du jour poursuit deux objectifs
: répondre à l’urgence d’information
des adhérents d’Attac en vue de la consultation interne à Attac
; démontrer que tous les thèmes traités par
Attac trouvent une liaison avec le projet de traité constitutionnel.
Exemple 1 : l’Article III-156 interdit toute restriction
et toute taxe sur les mouvements de capitaux à l’intérieur
de l’Union comme avec les pays tiers. Ainsi, les paradis
fiscaux peuvent se développer, et la taxe Tobin devient
inconstitutionnelle.
Les articles III-147 et 148 encouragent la libéralisation
des services.
Exemple 2 : la lutte pour les droits sociaux fait place à la
modeste Charte des droits fondamentaux, nettement en retrait par
rapport à la Constitution française de 1946.
Projet de traité constitutionnel européen |
Constitution française
1946 |
Droit de travailler |
Devoir de travailler et droit à l’emploi |
Reconnaît et respecte les services
sociaux |
Assure et garantit |
Reconnaît et respecte les services d’intérêt économique
général (SIEG) |
Assure le droit d’accès
|
Droit de grève pour travailleurs
et employeurs (?!) |
|
Certains articles peuvent laisser croire
que les législations
nationales s’appliqueront si elles sont plus bénéfiques
que la Constitution européenne, mais plusieurs interprétations
sont possibles. Surtout, l’article I-6 établit sans
ambiguïté que “la constitution et le droit adopté par
les institutions de l’Union […] priment le droit des
Etats membres”.
Exemple 3 : les pouvoirs exorbitants de la Commission :
pouvoir exécutif et d’initiative législative.
Les membres de cette Commission ne sont pas élus, et ne
sont que vaguement responsables collectivement devant le Parlement.
L’article
I-47 établit la fameuse “pétition du million”,
mais la Commission garde le droit de traiter ou non la question
posée…
Philippe D. pense que nous devons faire de ce combat notre priorité,
sachant qu’en plus nous sommes largement minoritaires. Les
citoyens, estimant la question trop compliquée (qui va en
effet aller lire les 350 pages ? et en comprendre la portée
? ), comptent se reporter sur leurs représentants, en particulier
les élus, pour se faire un avis. Attac se doit donc d’être
largement présent pour expliquer ce texte et ses conséquences
prévisibles sur la “construction” européenne.
Remarque : il y a quand même des points positifs dans ce
projet de constitution, mais le négatif l’emporte
largement.
Débat
Vincent estime qu’il faut éviter le débat droite/gauche,
car le problème ne se situe par là. Il faut sortir
de la politique politicienne.
Pour Claude, ce texte est le reflet du libéralisme européen
des dernières décennies. On aura encore longtemps à lutter,
et on sait contre qui. Pour aborder le sujet autour de soi et sensibiliser
son entourage, il nous faut plus d’arguments, et une approche
positive de la construction européenne.
Pierre reprend quelques “arguments pou” couramment
entendus : le “pouvoir accru du Parlement” apparaît
plus comme une vue de l’esprit à la lecture du texte.
Un Ministre des affaires étrangères est créé,
mais sans pouvoir réel.
Pour Daniel, certains arguments entendus sont carrément
malhonnêtes, comme par exemple la prétendue reconnaissance
du rôle des services publics. Concernant les affaires étrangères,
l’Art I-41 les fait dépendre de l’OTAN et appelle à l’augmentation
des forces militaires. En cas de guerre, on protège avant
tout le marché intérieur…
Philippe G. revient sur l’initiative législative :
en Histoire, il faut remonter à Bonaparte pour voir ce pouvoir
réservé à l’exécutif, et même
De Gaulle l’a partagé avec le Parlement.
F. Zory rappelle que lors de la négociation du traité de
Nice, les anglais ont beaucoup nuancé le texte de la Charte
des droits fondamentaux, afin d’en réduire la portée.
Il se demande quelles seront les politiques progressistes possibles,
et conclut qu’accepter ce traité c’est accepter
la libéralisation définitive de l’Europe. Il
estime qu’aujourd’hui la convergence entre les Non
du PS et d’Attac est forte sur ce sujet, ce qui renforce
leurs positions respectives. Il ne faut pas laisser entendre que
le Non est un Non à l’Europe. Philippe G. renchérit
en parlant de chantage “on ne peut être que pour l’Europe” ;
l’Europe Oui, mais l’Europe libérale Non !
Pierre rappelle que la Charte émet des recommandations,
mais que les citoyens ne peuvent pas s’en saisir pour obtenir
des droits. La Charte n’est en effet pas contraignante, mais
se limite à des objectifs, des intentions.
Isabelle demande si cette constitution pourrait être modifiée,
une fois adoptée. Philippe explique que les procédures
sont longues et complexes, qu’ainsi toute modification s’avèrerait
très difficile, et qu’il est largement préférable
de modifier le texte avant de l’adopter.
Daniel rappelle que le référendum nous invite à donner
notre avis, mais que pour l’instant il ne voit pas de débat
démocratique. Ceux qui craignent aujourd’hui que l’on
revienne au traité de Nice sont les mêmes qui le qualifiait
de “ grande avancée ” en 2000. Il est encore
possible de débattre, profitons-en !
Dragan se demande ce que deviendrait Attac si le Oui l’emporte
: Don Quichotte ?
F. Zory parle d’un risque, très présent au
PS, de dire Oui en espérant mieux au traité suivant.
Mais il revendique, après 50 ans de construction européenne,
un devoir d’inventaire : on peut rompre avec l’acquiescement
systématique pour permettre le bilan et le dégagement
de perspectives. Pour Daniel, il s’agit du “Non pour
une autre Europe”.
Joël estime que l’on se dirige vers une Europe fascisante,
qui encouragerait les nationalismes.
Le problème des langues est évoqué : le projet
de traité est traduit dans les 20 langues officielles, et
toutes les versions sont sensées se valoir. Toutefois, notamment
par manque de traducteurs, la langue de travail européenne
est l’anglais et cette langue laisse plus de place à l’interprétation.
Vincent se demande pourquoi tous les grands élus responsables
disent la même chose : ont-ils oublié de lire de texte
? Pour Daniel, il s’agit d’aveuglement dogmatique.
F. Zory estime que les leaders ont des positions stratégiques,
qu’il qualifie d’“eurobéates” :
ils ne veulent pas renier l’acquis communautaire, et estiment
qu’on ne pourrait plus se présenter aux élections
et gouverner demain que si on dit Oui.
Nicolas se demande que va changer le résultat des élections
américaines dans le débat européen : certains
s’en saisissent pour demander l’adoption du traité constitutionnel
au nom de la réaffirmation des “ valeurs européennes ”,
d’autres vont mettre en avant la conception atlantiste des
affaires étrangères européennes.
En conclusion, Philippe D. appelle à un travail d’analyse
et d’éducation populaire sur ce sujet, en réseau
pour plus d’efficacité.
Daniel rappelle la consultation interne d’Attac, qui va commencer
prochainement. Il propose de relayer l’appel de la Fondation
Copernic, et annonce des grands événements en 2005
: grande manifestation européenne à Bruxelles le
19 mars, événement festif Attac à Paris le
30 avril. A l’échelle départementale, une conférence-débat
avec Raoul-Marc Jennar devrait être organisée par
Attac74 en avril.
Un groupe “théâtre de rue” est créé avec
l’objectif de construire des sketches autour du projet constitutionnel
: Nancy, Isabelle, Pierre, Nicolas, et… (appel à candidatures).
Philippe D. s’engage à construire un diaporama plus
complet, en cherchant à faire la liaison avec tous les thèmes
d’Attac.
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